Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

60 PARALLÈLE DE J.-J. ROUSSEAU

grandes, et combine pour en composer de nouvelles. |

Rousseau n’a rien écrit que pour des auditeurs ; Buffon, que pour des lecteurs.

Dans les belles amplifications auxquelles s’est livré Rousseau, on voit qu'il s’enivre de sa pensée ; il s’y complaît, et tourne autour d'elle jusqu’à ce qu’il l'ait épuisée dans ses plus petites nuances ; c’est un cercle qui, dans l’onde la plus pure, s’élargit souvent au point de disparaître : Buffon, lorsqu'il présente une vue générale, donne à ses conceptions le mouvement qui naît de l’ordre, et ce mouvement, plus il est mesuré, plus il est rapide ; semblable à une pyramide immense, dont la base couvre la terre, et dont le sommet va se perdre dans le ciel, sa pensée audacieuse et assurée recueille les faits, saisit leur chaîne invisible, les suspend à leurs origines, élève toutes ces origines les unes sur les autres, et se resserrant au lieu de croître, s’accélère en montant, et ne s'arrête qu'au point d'où elle embrasse et domine tout.

Rousseau, par une suite de son caractère, se fait presque toujours le centre de ses idées ; elles lui sont plus personnelles qu'elles ne sont propres