Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine
258 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE
Marat de nous laisser la preuve qu'il avait conçu ou qu’il était de force à concevoir un système complet de République, combiné dans toutes ses parties. Mais il est néanmoins facile de conjecturer son opinion par ses écrits, quoique ces écrits, enfantés à diverses époques, aient entre eux des différences notables en principes et en résultats. À mesure que la Révolution a marché, à mesure que la République s’est établie, Marat, d’un jour à l’autre, a développé, dans ses feuilles et dans ses discours, les combinaisons par lesquelles le système qu'il désirait à la France s'élaborait dans sa tôte. Ceux qui méditeront ce qui nous reste de ce patriote verront qu'il abhorrait autant l’aristocratie que la monarchie, et l’ochlocratie encore plus que ces deux premières espèces de gouvernement ; mais ils verront aussi, presque à chaque ligne de ses discours,.que si la démocratie était le but de ses désirs et de ses travaux, il la voulait largement combinée et fortement gouvernée.
En général, Marat n'avait point de petites idées ; qui ne l’a pas vu sourire et hausser les épaules, chaque fois qu'un projet de loi grande et fondamentale tombait à la discussion entre les mains des éplucheurs et des formalistes, qui, rongeant à l'envi ce projet, finissaient par le défigurer et le réduire en fatras? « Il me semble, « disait-il, voir un ouvrage d'esprit à la discrétion des « puristes ; à force de le corriger, ils en ôtent le carac« tère ; à force de le perfectionner, ils en font une « platitude. » ‘C'était sa comparaison propre, et ses propres mots.
Il manquerait un trait essentiel au portrait de tout homme, si l’on ne parlait pas de ses petitesses. Marat
avait la sienne, et même fort plaisante dans un homme