Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine
PRÉCIS APOLOGÉTIQUE 295
On dit que je suis riche; je donne tout ce que je possède dans l'univers, hors mes ouvrages, pour moins de 40.000 francs, et c'est le fruit de plusieurs pièces de théâtre, dont le succès, dû à la bienveillance du public, aété tel, que telle de mes comédies a eu cent soixante représentations de: suite. Qu'on lise les registres de tous les théâtres de France, et l’on verra qu'ils m'ont rendu plus de 150.000 francs. Voilà ce qui peut m'en rester : voilà le fruit de vingt-cinq années d’observations sur le cœur humain, de travail, de persécutions et de misère. |
On dit que je suis luxueux : l’amour de tous les arts est dans mon âme ; le beau, le bon me plait ; je peins, je dessine, je fais dela musique, je modèle, je grave, je fais des vers, et dix-sept comédies en cinq ans; mon réduit est orné de ma propre main : voilà ce luxe.
Cherchez, compulsez, bureaux, agents, comités, ministères, administrations. Si, directement ou indirectement, jai jamais pris intérêt à aucune espèce de commerce, d'entreprises ou de toute autre façon d'aller à la fortune, en ce genre, je consens à passer pour un scélérat. Je n'ai jamais fait travailler seulement mon petit pécule; je n'ai de ma vie touché un denier de rente. Je vis au las, je vis du jour à la journée, je vis en poète.
Accordez-moi un peu de judiciaire, une imagination vive et ardente, un esprit d'observation quelquefois trop aiguisé, un amour excessif pour la patrie, une humeur officieuse et du courage, et vous aurez rencontré juste.