Opinion de Georges Couthon sur le jugement de Louis XVI

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les assemblées primaires ont elles-mêmes créée. Le peuple, au lieu de déléguer l'exercice précaire de ses droits, aura donc aliéné dans vos mains sa souveraineté? Nous ne sommes donc plus sous le régime d’une représentation subordonnée, mais bien sous celui d’un despotisme sénatorial ? Qu’aura donc gagné le peuple à cette révolution, s'il n’a fait que changer de maîtres? Citoyens, vous avez reçu de grands pouvoirs, mais vous n'avez pas reçu celui de placer les créatures au-dessus du créateur. Rappelez-vous que ce pouvoir est, par sa nature, incommuniquable, ct que vous avez vous-mêmes prononcé la peine de mort contre quiconque oserait tenter de l’usurper.

Mais, dit-on, bien loin que le renvoi aux assemblées pme soit attentatoire à la souveraineté du peuple, c’est au contraire un hommage qu’on lui rend; c’est par respect, par déférence pour cette souveraineté qu’on veut que ce soit elle qui prononce sur le sort de Louis.

Par respect, par déférence! C’est bien ainsi que par une tactique de mots on parvient plus sûrement à frapper sur les choses; c’est bien ainsi qu’on peut espérer d’induire plus facilement le peuple en erreur, de le disposer à porter lui-même atteinte à ses droits les plus sacrés, à reconnaitre un pouvoir usurpateur, et à adopter d'avance la constitution qu’on veut lui donner.