Orateurs et tribuns 1789-1794
L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 261
antichambres.. Quoi! ce peuple n’est pas de la moitié qui paie! »
A propos du Philinte de Molière, Geoffroy, La Harpe, Fiévée observent fort justement que le titre est un mensonge, et même une calomnie : en effet, le Philinte de Fabre n’a rien de celui de Molière, homme indulgent, résigné, vertueux même, qu'il a travesti en homme odieux, à l’âme dégradée, insensible aux idées de justice et de probité, incapable de la reconnaissance la plus vulgaire. Bref, il a mis en vers et en scène le Philinte de Jean-Jacques, celui de la Lettre sur les Spectacles, « un de ces honnêtes gens du grand monde dont les maximes ressemblent beaucoup à celles des fripons; de ces gens si doux, si modérés qui trouvent toujours que tout va bien, parce qu'ils ont intérêt que rien n'aille mieux; qui sont toujours contents de tout le monde, parce qu'ils ne se soucient de personne; qui, autour d’une bonne table, soutiennent qu’il n’est pas vrai que le peuple ait faim, et qui, le gousset bien garni, trouvent fort mauvais qu’on déclame en faveur des pauvres; qui, de leur maison bien fermée, verraient voler, piller, égorger, assassiner tout le genre humain, attendu que Dieu les a doués d’une douceur très méritoire à supporter les maux d'autrui. »
Il y a une scène admirable dans la pièce de Fabre,
celle où nous voyons Philinte, si prompt à se replier sur soi, devenir la victime de son égoïsme, pousser les
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