Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 265

Et comme Arnault demande si c'est un crime de lèsemajesté d'attaquer Robespierre, il ne peut obtenir d’autre réponse. D'où il conclut que n’osant pas l’aceuser comme usurpateur de l'autorité, ses collègues s’étudiaient à le désigner comme tel par la déférence qu'ils affectaient envers lui, par l'importance qu'ils feignaient d’attacher à sa personne.

Fabre d'Églantine n’avait pas assez médité ses propres paroles : il ne tarda pas à expier le double crime d'aimer, de servir Danton, de ne pas bien écouter Robespierre, qu'il regardait, un peu irrévérencieusement, avec une lorgnette de théâtre, lorsqu'il occupait la tribune. On le décréta d'accusation, comme signataire d’un décret falsifié pour permettre aux Chabot, aux d’Espagnac, aux Julien de Toulouse, etc., d’agioter sur les actions de la Compagnie des Indes. Il avait combattu les tripoteurs à la tribune; le président du tribunal révolutionnaire lui refusa, comme inutile, la production d’une pièce qui démontrait son innocence. On raconte que pendant le voyage de la prison à la place de la Révolution, Fabre d'Églantine, toujours préoccupé de sa gloire, jetait au peuple des manuscrits, dans l'espérance que quelqu'un les recueillerait, et qu’ainsi fut conservée la comédie des Précepleurs. Rousseau, son maître, ne distribuait-il pas des notes justificatives aux passants, ne déposait-il pas ses Confessions sur le grand autel de Notre-Dame? Qualis