Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 295

de Paris, je dois sortir, et je sortirai d’après la loi. » Il se retira fort en courroux. — Toujours l'alliance du comique et du pathétique ! Et peut-on s'empêcher de songer aux faux nobles, aux nobles d'origine récente qui, par vanité, se condamnaient au douloureux supplice de l’émigration ! ?

4. Je dois à l’obligeance de M. Rothan, dont on connaît les belles études diplomatiques, cette lettre inédite par laquelle Barère annonce à l'un de ses compatriotes l'envoi de son portrait par David. Cette toile faisait partie de la collection de M. Rotban.

« Tarbes, le 21 juillet 1834. » Mon honorable défenseur,

» Je voisavec peine que vous refusez de recevoir de votre client yos honoraires dus à si juste titre pour m'avoir défendu devant les magistrats de mon pays et pour m'avoir conservé la plus précieuse de mes propriétés, la maison paternelle. Le prêtre lui-même ne vit-il pas de l'autel ? Pour suppléer à ce refus de recevoir vos honoraires, permettez-moi de vous faire présent d’un grand portrait à l'huile et borduré, qui n’a de prix que parce que c’est l'œuvre de immortel David, mon ancien collègue et ami, qui fut le premier peintre de l'Europe.

» Je vous prie de l'accueüllir, de le déposer dans le cabinet de la bibliothèque de l'avocat célèbre qui a protégé mes droits dans mes vieux jours. Donnez à ce portrait le droit de famille, qui héritant de vos sentiments et de vos principes, ne se tirera point de l'oubli, qui est le dieu du siècle.

» J'ail'honneur d'être, avec reconnaissance etayec ma considération la plus distinguée,

» Mon honorable défenseur,

» Votre très humble et très obéissant serviteur,

» BARÈRE DEVIEUZAC, » Membre du Conseil général du département des Hautes-Pyrénées. »

A M. Lebrun, avocat à Tarbes.