Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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le prestige du pouvoir. Les libéraux sincères, ceux qui cherchent la réalité plus que le nom de la liberté et qui ne séparent pas sa cause de celle de l’ordre, saluaient en lui l'esprit supérieur qui, tout en répudiant les excès de la Révolution, en sauvegardait les légitimes conquêtes. Partisan déclaré de l’ordre et constant défenseur des principes de 1789; Portalis salua avec bonheur l’avénement de Bonaparte. Il ne prévoyait pas un dénouement si heureux et si prompt: sa joie n’en fut que plus vive, lorsqu'il apprit le triomphe de ses idées politiques et qu’il put entrevoir le terme de son exil. Sa femme et ses amis avaient, dès le lendemain du 18 brumaire, sollicité, pour lui, l’autorisation de rentrer en France : elle lui fut accordée le 5 nivôse an VIII (27 décembre 1799), en même temps qu’à la plupart de ses collègues du Conseil des Anciens et des Cinq-Cents, Boissy d’Anglas, Siméon, Pastoret,.Dumolard, BarbéMarbois, Tronçon-Ducoudray et plusieurs autres. Mathieu Dumas et Quatremère de Quincy, qui habitaient le Holstein et dont l'exil cessait en même temps que celui de Portalis, se joignirent à lui pour rentrer en France. Ils partirent d'Emckendorff, au mois de janvier 1800, partagés entre la joie du retour et le regret de s'éloigner des hôtes incomparables dont la bonté avait adouci pour eux les amertumes de l’exil.

Le voyage fut long et rude ; cependant il réservait à Portalis la plus émouvante surprise. À Osnabrück, pendant le relai, une voiture de poste s'arrête à côté de la sienne, un jeune homme s’élance, jette un cri et