Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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face d’un foyer solitaire, les conséquences amères de ses passions et de son égoïsme.

A ceux qui, pour défendre le divorce, faisaient valoir la nécessité de dissoudre les unions souvent mal assorties que forment les convenances d’ambition ou de fortune, il répond que de telles unions doivent être prévenues plutôt que détruites et que le plus sûr moyen de les prévenir est de déclarer tout mariage indissoluble. À d’autres législateurs qui fondaient la légitimité du divorce sur ce fait que le mariage est une société et qu’il est de l’essence de toute société de pouvoir être dissoute par le consentement mutuel des parties, il oppose le caractère particulier du mariage. Il compare aux sociétés ordinaires, contrats purement pécuniaires, facultatifs et personnels, la société auguste et nécessaire du mariage, où il s’agit non-seulement de la fortune d’un citoyen, mais de la vie entière des époux, de leurs sentiments les plus intimes et les plus doux, de la destinée des générations à venir, des intérêts de l'État, de cette communauté des choses humaines et des choses divines dont parlaient déjà les jurisconsultes romains. En présence des caractères spéciaux de ce contrat unique, il refuse d'admettre l'application des règles ordinaires et il réclame l’intervention de la société civile pour assurer le respect des engagements sacrés qui lui servent à la fois de sauvegarde et de fondement.

Portalis propose de substituer au divorce la séparation de corps, dans les cas d’incompatibilité d'humeur. Il demande qu’on l’entoure des plus minutieuses pré-