Portalis : sa vie, et ses oeuvres
40 PORTALIS nant à ses anciens amis proscrits, nobles, prêtres et magistrats du Parlement, une courageuse hospitalité.
Il n’en fallait pas davantage pour le signaler à la haine des révolutionnaires. Au mois de février 1792, linsurrection éclata en Provence, et Portalis, menacé, dut pourvoir à sa sûreté et à celle de sa famille. Trop bon citoyen pour émigrer, il se rendit à Lyon, où il
comptait de nombreux amis. Il s’y livra exclusivement à l’exercice de sa profession et se tint en dehors de toute discussion politique; mais l’émigration de son frère, officier au corps royal du génie, et impliqué dans les mouvements royalistes du camp de Jalès, ne tarda pas à compromettre de nouveau sa sûreté. Inscrit sur la liste des émigrés, ainsi que sa femme et son fils, il fut forcé, durant l’année 1792, de mener, à Lyon, la vie la plus retirée, et même de s’en éloigner à plusieurs reprises. Cependant, lorsque Louis XVI fut mis en jugement, l’indignation lui fit oublier toute prudence, et, dans les premiers jours de 1793, il osa composer un plan de défense pour l’infortuné roi et le développer avec éloquence devant une société nombreuse réunie chez le proche parent d’un Lyonnais, qui fut depuis le duc d’Albuféra.
Cette généreuse témérité accrut encore les périls de sa position. À la fin de juillet 1793, il quitta Lyon, pour obéir au décret de la Convention qui expulsait de cette ville tous les Français qui n’y étaient pas nés, et se réfugia à Villefranche. Le repos qu’il y trouva fut de courte durée. L'armée révolutionnaire occupa la ville : un jeune homme qui lui servait de secrétaire,