Rapport historique sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne, depuis 1789 et sur leur état actuel, présenté à Sa Majesté l'Empereur et Roi, en son Conseil d'État, le 20 février 1808, par la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut

HISTOIRE. 169

historien, non pas digne de lui, mais fort estimable, eu égard au siècle dans lequel il vivoit ; c'est Éginhard, secrétaire de ce prince, et qu'on doit regarder comme François, puisqu'il étoit né dans une partie de l'Allemagne soumise à a domination Françoise : on pourroit lappeler le Salluste du moyen âge. Il transmit à la postérité la vie du monarque qu'il avoit chéri, et se montra supérieur par Île talent, et peu inférieur par la latinité et par le style, aux historiens qui avoient écrit vers le temps de Constantin, tels que Vopiscus, Lampride, Jules Capitolin, &c.

Nous ne parlerons pas de la série des écrivains de chroniques : mais nous ne pouvons nous dispenser de citer Geofiroi de Ville-Hardouin, qui a écrit l’histoire de la conquête de Constantinople par es Croisés en lan 1204, à laquelle il avoit eu part, et moins encore un des compagnons des fatigues de S. Louis, Joinville, auteur de l’histoire de ce prince, et le premier des historiens qu'on doive nommer entre ceux qui ont écrit dans notre langue.

Dès le règne du fils de S. Louis, on eut une histoire générale de France, écrite en françois. On la connoît sous le titre de Chronique de S. Denys, ou grandes Chroniques de France : elle a été conti-

nuée jusqu'à la fin du règne de Charles VIII.