Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LE COMPLOT COIGNY-HYDE DE NEUVILLE. 87

en quelles dispositions cet entretien l’avait mis à son égard. Les questions du ministre avaient été pressantes ; mais son extrême politesse semblait éloigner toute intention malveillante. Cependant, le général Morand, témoin de l’entrevue, voulut en avoir le cœur net. Coigny étant sorti, en le laissant seul avec Fouché, il demanda à celui-ci une lettre qui protégeàt son ami contre les agents de la police.

— Je dine là-haut (c’est-à-dire aux Tuileries), répondit Fouché; vous y dinez aussi. Je vous donnerai ce qu’il faut quand j'aurai conféré avec le Premier Consul. En tout cas, assurez M. de Coigny qu'il ne lui arrivera rien d'ici à ce soir.

Fouché est tout entier dans cette réponse insidieuse, par laquelle, en prévision d'une arrestation, il se ménageait la possibilité d’en attribuer l’ordre au Premier Consul et la responsabilité de l’exécution au préfet de police. À demi rassuré par l’engagement du ministre, dont le général Morand lui fit part, le chevalier rejoignit sa femme qui l’attendait en voiture et donna l’ordre au cocher de le ramener chez lui. Mais, comme il allait y arriver, trois hommes qui le suivaient à son insu, depuis le matin, descendirent d’un fiacre, lui pré-