Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

çaise, dont elle voyait tout autour d'elle les naufrages et les débris. La Suisse elle-même, étonnée de ce miracle révolutionnaire, [et c'en eût été un grand, sans doute, que celui d’une première désorganisation qui se serait arrêtée à sa source) la Suisse, cédant aux sollicitations généreuses et répétées de plusieurs des magistrats genevois destitués, venait de consentir à renouer ses relations confédérales, absolument interrompues depuis dix-huit mois, avec le Gouvernement qui les avait si violemment dépossédés. En un mot, ce dernier semblait s'améliorer, s’éclairer, se fortifier ainsi par le temps ou par les circonstances ; et la plupart de ceux qui en avaient redouté les excès, et s'étaient absentés de leur patrie, avaient été graduellement invités à y rentrer, par l’assurance solennelle que leur donnait le nouveau Gouvernement, que la révolution était achevée, et qu'ils trouveraient sous son égide, police, protection et sécurité.

Sécurité perfide et trompeuse ! Tous les fléaux de la révolution française menaçaient Genève, sans que ses honnêtes habitants s’en doutassent. Un des nouveaux administrateurs, député à Paris, et appelé, par sa mission même, à y voir assidûment les chefs des Jacobins, nourri dans leur sein depuis plus d’une année, et suffisamment exercé dans la théorie des insurrections, venait d’accourir enfin à Genève pour la mettre en pratique, et se concerter avec les Montagnards, auxquels le Résident de France donnait souvent des fêtes, pour les préparer à de nouvelles évolutions révolutionnaires, en attendant que son associé genevois en apportàt le plan de Paris.