Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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ligion protestante avaient eu le courage d'aller invoquer le Dieu de paix sur la patrie déchirée. C'esl ainsi que s’exécuta dans toute son élendue l’infernale sentence qu'avait prononcée Brissot : La Révolution se fera à Genève, ou celle de France doit rétrograder !. Au sein de tant de barbarie percèrent cependant quelques sentiments d'humanité, qui prouvent que Île caractère genevois ne pouvait s'éteindre que par degrés. C’est ainsi qu'on entendit des révolutionnaires avouer, en pleurant, aux prisonniers dont on leur ordonnait d'être les geôliers, qu'ils étaient moins à plaindre qu'eux, et qu'ils enviaient leur sort. Mais tout espoir et tout moyen de résistance disparaissaient devant les moyens terribles de ceux qui avaient commencé le combat avec tout le courage qu’inspirent les ténèbres, et qui s'étaient hâtés d'assurer leur victoire par un désarmement complet. Frappées de la stupéfaction universelle qui s'empara alors de tous les citoyens, les femmes seules s’ébranlèrent et tenlèrent, au nombre d'environ deux mille, une démarche en corps pour obtenir la libération des prisonniers, en désarmant le nouveau Tribunal au moins par leurs larmes. Il les repoussa sans violence, mais avec une ironie qui le peint mieux encore : il fit approcher les pompes à incendie, et les menaça d'un baptême civique.

1 Voir la Note C à la fin du volume.