Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

saluaient par des salves, buvaient à sa santé, lui jetaient des fleurs, et l'air retentissait de son nom que mille bénédictions accompagnaient. Aujourd'hui, quoiqu'il n’ait pas changé de système, il est trainé par-devant ce tribu-

nal populaire, comme le dernier des brigands, et demain il sera massacré inhumainement sous les yeux de ses compatriotes. Sa fierté naturelle ne se trouva pas humiliée d’être dans la nécessité de repousser de pareilles im-

putations : il conserva toute sa présence d'esprit.

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« J'ai été constamment, dit-il, attaché à la cause du peuple. Mes principes politiques sont connus de la ville entière. Mais, comme citoyen et magistrat, j'ai duü veiller au maintien de notre Constitution, d’où dépendait notre bonheur. Une seule atteinte pouvait nous plonger dans l'anarchie, le plus cruel des fléaux pour une nation industrieuse et commerçante. Mon devoir était donc de repousser tout ce qui pouvail l’ébranler. C'est à cela que j'ai consacré mes veilles. J'ai éclairé mes concitoyens sur leurs véritables inlérêts. Le nouveau système politique que des hommes inquiets ou sans fortune prèchaient, étail si coniraire à la liberté et si destructif de tous les liens sociaux, que la fortune publique et celle des particuliers couraient les plus grands dangers, qu'il fallait lui opposer tout ce que l'expérience des siècles nous avait appris. C'était avec les armes de la raison que je combaitais les novateurs; c'était en comparant notre félicité avec les maux qu'un nouvel ordre de choses entrainerait, que je retenais ceux qui flottaient, Nous sommes une vieille nation, et l’on voulait faire de nous un peuple neuf, sans égard aux