Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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publique reçut une lettre d'un des baillifs de nos alliés, qui lui annonçait que toute la Suisse voyait avec la plus vive douleur les scènes de sang qu'on préparait; cependant cette lettre ne fut point communiquée aux révolutionnaires, quoique, suivant les principes du Gouvernement populaire, ce füt un crime de ne pas la rendre publique.

Du centre du bataillon carré que formaient les révolutionnaires, les jugements sont publiés, el ensuite affichés à l'extérieur des entrées du Bastion. Un morne silence règne pendant cette lugubre publication. Les amis de l'humanité espèrent que les magistrats sauveront les particuliers, et craignent qu'on ne les devine; tandis que les hommes de sang frémissent de colère à la seule pensée qu'une de leurs victimes pourrait leur échapper. Ces jugements volent de bouche en bouche dans la ville, etla remplissent de douleur. Les vœux les plus ardents, en faveur des quatre condamnés à mort, s'élèvent jusqu’au ciel. Dans toutes les rues on cherche à le fléchir par un torrent de larmes.

Des scènes affreuses vont s'ouvrir. On commence çà et là à rompre le silence. Ceux qui ont constamment voté pour la vie, disent à leurs voisins que s'il en périssait un seul, les révolutionnaires se couvriraient d'ignominie; ceux qui par faiblesse avaient confirmé une partie des jugements, parlaient tout bas de n’en point faire mourir; d'autres, assez insensés pour croire que Genève ne pouvait se tirer de cette crise qu'en versant du sang, voulaient que la volonté du plus grand nombre fût respectée. On est surpris de compter parmi ces derniers des hommes qui passent dans le