Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

ment qu'elle a de sa faiblesse. Les chevaliers de la mort se portèrent contre ces généreux citoyens avec cetie rage d’une bête féroce à qui on a enlevé ses petits et les couchèrent en joue. Ce mouvement en occasionna d’autres semblables à ces vagues qui s'élèvent et s’entre-choquent en tout sens. L’orage était prêt d'éclater. Une amorce brülée pouvait être le signal de mille morts. Oh! combien cette situation est difficile à peindre par la multitude des tableaux aux plus noires couleurs qu’elle présentait! L'âge le plus avancé, la plusextrèême décrépitude, n’effaceront jamais les tristes impressions que cet ensemble grava dans l’âme des hommes sensibles.

On ne pouvait guère prévoir quelle serait l'issue de ces provocations. Le parti des modérés tenait une contenance assez ferme. Les mots : La mort! la mort pour ious ! se multipliaient et roulaient par-dessus les têtes comme le tonnerre. Il semblait que le ciel allait punir tant de crimes... quand tout à coup il se répand que les chevaliers de la mort juraient de porter le fer et le feu à la prison de Chantepoulet. Cette menace glaça d'un mortel effroi les bien intentionnés, et les rendit aussi immobiles que des statues. Comme ils marchaient sur les traces de l'étranger, il n’est pas douteux qu'à l'exemple de leurs modèles, ces brigands n’eussent été égorger cinq à six cents prisonniers qui étaient sans défense, s’il arrivait qu'ils trouvassent trop de résistance, ou qu'ils fussent vainqueurs. On avait des avis d’une menée sourde qui faisait craindre pour la sûreté de Chantepoulet. Dans ces circonstances, des citoyens, qui tremblaient de devenir victimes d'une