Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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Insignes scélérats! chaque ligne de votre sentence est un mensonge dont Néron rougirait. Vous dites qu'ils ont été convaincus d'avoir conspiré contre le peuple. Eh bien! où sont les preuves, les témoins de cette conspiration? Dans tout le cours des interrogatoires, vous n’avez pu ramasser le plus petit indice. Vous n’avez pas même osé les interroger sur cette prétendue conspiration. Vous ajoutez encore, par une cruauté réfléchie, que le cri national a ratifié cette sentence. Monstres! vous tournez ainsi en tout sens le poignard que vous tenez dans le sein de vos victimes. Vous leur enviez jusqu'à la douce consolation de croire que leur mort est l’ouvrage de la terreur que vous avez imprimée dans tous les cœurs... Le peuple est généreux, il aura soin de vos familles. Lâches tyrans! pourquoi insulter vos victimes à l'instant que leur sang rejaillit sur vos têtes criminelles? Ce n’est pas sa générosité qu'ils réclameraient, mais sa justice, cette justice que vos misérables satellites enchaînent. Malheur à vous quand il brisera ses fers! Vous êles les geôliers, les accusateurs, les témoins, les juges et les bourreaux de vos concitoyens, de vos magistrats, et vous parlez de générosité! Exista-t-il jamais un scélérat qui mêlât le mot de générosité avec le sang des innocents qu'il égorgeait? Non, cela était réservé à vous seuls.

Après qu’ils eurent entendu leur sentence, Munier s'écria : Nous mourons innocents! Notre sang criera vengeance! Je vous prédis qu'avant qu'il soit peu, vous subirez la punition due à vos crimes. Le syndic Cayla, en levant les mains au ciel, protesta de son innocence. Prevost prit le peuple en témoignage de son ir-