Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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pouvez tirer un grand parti. Sauvez-la d’une intrigue infernale qui eut pour premier objet de la rejeter entre les griffes de l'anarchie, sous les auspices el d’après les documents de cet infàme Dubois-Crancé : intrigue que suit maintenant par esprit de vengeance Sa eupidité furieuse de n’avoir pu que se repaitre et non s’assouvir, et que fomentent des scélérats implacables que l’échafaud réclame et qu'il aura, tôt où tard, en dépit de leurs dignes protecteurs.

« Le mal est pressant, mais la guérison est dans vos mains; il en est temps encore, mais vous n'avez pas un instant à perdre.

« Que vous demandent les Bataves ? Justice, indépendance, leur flessingue et un traité de commerce; ne füt-il que provisoire.

« Or, la raison, le droit des gens, les véritables intérêts de la République ne le demandent-ils pas avec eux?

«Je vous le répète : si vous voulez conserver ce pays à votre alliance, à l’industrie, à la liberté, si vous ne voulez pas que des méchants renversent l'édifice élevé par votre bon et fidèle Joubert et qu'il regardait comme le plus beau monument de sa gloire; si vous voulez épargner de nouveaux malheurs à l'humanité, un nouvel opprobre à la France, avec une tache ineffaçable à votre gloire et un outrage à l'ombre de votre ami, vous le pouvez, mais vous A’avez pas un moment à perdre.

« J'avais aussi à vous parler de la France.

« Êtes-vous content, consul ? Je ne saurais le croire. Ce que je sais positivement, c’est qu'on voit avec une douloureuse surprise parmi vos conseillers d'État, quatre, cinq et même six noms qui repoussent invinciblement la confiance et auxquels sont attachés le mépris et l’animadversion.

« C'est que le Sénat, individuellement passable, ne