Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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Weiss des œuvres en communication. Aujourd'hui il lui demande quel succès a obtenu son chant patriotique Triomphe, 6 chère France!

Il songeait déjà à grouper en un volume fous ces mor ceaux épars, il espérait en tirer profit. Pauvre cigale! qui comptait sans les Béotiens.

Il lui fallait courir de logis en logis, sans en avoir un de fixe. Dans ces conditions le nid d’un pauvre rossignol ne peut être bien doux. En juin 1821 il habitait, 15, rue du Helder; en août, 22, rue Bleue. C’était un déplacement continu. Heureusement que sa garde-robe et son bagage étaient modestes. C’est de sa demeure ou plutôt de son nouveau réduit, rue Bleue, qu'il consultait son

ami pour savoir où prendre des renseignements sur la jeunesse et l’éducation de Henri IV qu'il appelait le bon Béarnais. Il voulait avoir le plus de couleur locale pour représenter au Gymnase un chant qu’il avait composé et sur lequel il avait consulté son ami Weiss. Il le tient au courant de toutes les démarches qu'il fait pour gagner de quoi vivre, et toujours des obstacles se présentent. Une perspective d’affaires l’appellerait à Nantes; il n'a pas le moyen de faire les frais du voyage. M. Human, millionnaire, ne sait pas ou ne comprend pas ses besoins. « Pourquoi, mon bon Charles, pourquoi prendre de « l'humeur contre ce pauvre Human? puisque ses mil« lions exercentune influence fâcheuse sur son caractère, « n’est-il pas assez puni d’en avoir, n'est-il pas sans « comparaison le plus pauvre de vous deux? Eh! bon « Dieu, je serais tenté de dire qu’il l’est presque autant « que moi. Ce qu’il y a desûr, c’est qu’au prix d’une sem« blable petitesse, si réellement il en est capable, je ne « changerais pas ma misère contre son opulence. Pour € ma part je n’ai point à me plaindre de lui. » Les hommes qui ne sont préoccupés que de leurs