Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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L'existence des écoles militaires qui exigeaient des quartiers de noblesse s'explique mieux, mais l’on comprend, toutefois, que les élèves de ces écoles devaient subir une influence d’orgueil qui persistait dans la vie publique. Rouget de Lisle fut-il atteint de cet esprit? On ne peut l'affirmer; mais on peut dire, dès maintenant, comme il en sera justifié plus tard, qu’il ne fut jamais ardent r'épublicain et que, durant toute sa vie, sa nuance politique fut plutôt le royalisme constitutionnel, ce qui ne l’empêcha pas d'aimer sa patrie, de défendre même la République, et ce qui ne lui fit pas trouver grâce non plus, soit auprès du gouvernement impérial, soit auprès du gouvernement des Bourbons.

Poursuivi sous la Convention, taquinant et taquiné sous le Directoire et le Consulat, oublié sous l'Empire, négligé par la Restauration, sans fortune, d’un naturel plutôt rêveur que positif, peu fait par conséquent pour les entreprises commerciales, poussé vers l’art et la littérature, ce qui ne donne pas toujours à ceux qui les pratiquent même une modeste aisance, mème un moyen de satisfaire aux premiers besoins de la vie, Rouget ne commença guère à n'avoir plus à se préoccuper des moyens matériels de son existence qu'après la Révolution de 1830. Aussi passa-t-il une grande partie de sa carrière dans une série d’ennuis, de tourments, de désespoirs même, poursuivi pour mauvaises affaires, emprisonné pour dettes, mourant enfin entouré de quelques amis, Sans relations avec les rares parents qui lui restèrent ou renié par eux. Voilà l’abrégé de son existence. Les détails que nous en publions attesteront, par des faits, combien elle fut, malheureuse.

Rouget eut deux frères qui, plus jeunes que lui, moururent, cependant les premiers, après avoir joué un certain rôle.