Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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député Blad, avait amené avec lui Rouget de Lisle, qui devint l’aide de camp du général Hoche.

Il faut admirer la confiance réfléchie et légitime que Rouget avait dans son chef, auquel il était absolument dévoué.

Voici comment il en parle : « Hoche, qui, de la « classe infime où le hasard de la naissance l'avait « placé, s’élança, dès sa jeunesse, au niveau des nota« bilités les plus illustres de son époque, par sa force .« d'âme, ses principes généreux, l’instinct des grandes « choses et ses talents naturels, qui ne durent leur « développement qu’à lui-même; homme nouveau, mais € de la plus noble nouveauté (vir nobilissimæ novitatis).

« Aux obstacles, le général opposa son génie ; aux « dangers, son courage; aux ressources qui lui man« quaient, son imperturbable sang-froid etsa prodi« gieuse activité. La justesse, la vigueur, la hardiesse « de ses dispositions décuplent les moyens qui lui restent « et suppléent à ceux qui lui manquent. En un clin d'œil ses mesures sont prises pour le bon comme pour le mauvais succès. »

Hoche avait installé son cabinet dans un grenier à fourrage, au-dessus d’une grange où se trouvait son étatmajor. Là il conférait avec Tallien et Blad, qui l’affranchirent de la préoccupation des subsistances, de manière que le général fût tout à sa mission guerrière.

« Pendant que le général s’entretenait avec eux, écrit « Rouget de Lisle, je ne me lassais pas de le contempler, « de contempler son imposante stature, son air guerrier « quoique gracieux et sans forfanterie, ses traits doux « et fiers, embellis par une superbe cicatrice qui, sans « les altérer, lui traversait le front dans toute sa hauteur,

« et venait expirer à la naissance du sourcil droit,

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