Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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dangereux du fort de Penthièvre. Aussi tous ceux qui purent se sauver de ce fort à la marée basse, désertèrent pour venir au camp français, dit de la Sainte-Barbe.

Le fort de Penthièvre était le point d'appui, la place forte des Chouans. Rouget de Lisle a joint à son voluine une carte très explicative et il est facile d'y constater l'importance de ce fort. Il fallait s’en emparer. C'était l'objectif du général Hoche. Ge fort pris, la cause serait gagnée.

Hoche. de concert avec Tallien, fixa l'attaque générale au 4* thermidor, 49 juillet 4795. Tallien et Blad avaient, pour quelques jours, quitté le camp pour se rendre à Vannes, dans le but de faire croire aux Chouans qu'ils ne seraient pas attaqués prochainement par eux. Hoche avait en face de lui de Puisaye, qui ne manquait ni de courage, ni d'énergie, ni d'esprit de décision.

Pour s'emparer du fort de Penthièvre, les troupes se mirent en marche à onze heures du soir, le 20 juillet. A peine sorties de leurs lignes elles sont assaillies par un orage épouvantable tel que, de mémoire d'homme, on n’en avait vu de semblable dans ces parages. Assaillis par la marée montante, par la pluie torrentielle, les bruits du tonnerre et les éclairs qui sillonnaient les nues, rendant l’obseurité encore plus profonde, les bataillons républicains avancent quand même.

Les généraux et officiers de la chouannerie, rassurés par ces contre-temps qui semblaient survenus en leur faveur, ne prirent pas toutes les précautions qu’ils auraient dû prendre. Et malgré les canonnières anglaises qui vomissaient la mitraille sur nos bataillons reconnus, à force d’audace et d’intrépidité, au point du jour le drapeau tricolore flottait au fort Penthièvre, à la grande stupéfaction des Chouans désorganisés. Le général Botta, républicain, atteint gravement au pied par un biscaïen,