Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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Marseillaise, écrit une notice publiée en 1842, in-8. Avec le style chaleureux, patriotique et incisif qui le caractérise, il émeut profondément en parlant de la Marseillaise et de son auteur : « Rouget de Lisle a fait la Marseillaise : c’est assez pour nous et pour lui. Quel poèle, en effet, fut plus glorieux et plus utile? Lequel a eu plus de mérite et de succès? Amphion, Orphée, Tyrtée, vous êtes tous égalés! Amphion chante et les murailles s'élèvent! Orphée, et les lions s’attendrissent! Tyrtée, et Sparte est sauvée ! Eh bien, [a Marseillaise seule a cette triple efficacité. Chacun de ses couplets est deux armées. Après done ses sept couplets, quatorze armées se lèvent pour défendre la République, et la République est sauvée! Son refrain est un vrai cri de guerre qui armerail jusqu'aux agneaux ; en l’écoutant, les femmes rêvent à Jeanne d’Are, les enfants regardent sans peur le cimier de leurs pères, tous s’aguerrissent, grandissent pour remplacer les hommes quand ils ne seront plus. Au bruit de ses rimes, nouvelles trompettes de Josué, les trônes croulent comme de vieux murs, les fers se brisent, la terre tremble dans ses vieux fondements pour renverser les anciennes servitudes et les anciennes tyrannies. Tout finit par une chanson!

€ Et c’est un homme qui a fait ces miracles... Un poète seul, Rouget de Lisle enfin, car il a fait la Marseillaise! Mais non, ce n’est pas lui qui l’a faite, il l’a chantée le premier, voilà tout! L'auteur, le véritable auteur de /a Marseillaise, c’est le peuple, le peuple tout entier, avec son horreur de l'esclavage, de l’étranger, avec sa foi dans la liberté, la patrie, avec toutes ses craintes et ses espérances, avec son enthousiasme infini et son éternelle poésie. »

Rude, l’énergique sculpteur de Dijon, s’est inspiré de la Marseillaise quand il a fait son admirable bas-relief