Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt

SOUVENIRS DE RUSSIE 4!

camp Koutouzoff d'ordonner de cesser le feu, qui était diabolique dans ce moment, et de menacer même ses gens du pistolet s'ils ne voulaient pas cesser le carnage. Il eut beaucoup de peine à y parvenir. Il y avait, entre autres, un soldat qui lui disait : « De grâce, permettez-moi encore un seul coup; mon canon est si bien chargé et il fera un si bon effet. » Le moment le plus agréable fut celui où tous les officiers, rassemblés sur le tillac, burent à la santé les uns des autres. Tous étaient ivres de joie. Les matelots baisaient les habits de l'amiral, tant chacun avait admiré sa manière de commander. Après cela, Koutouzoff fut envoyé à bord du vaisseau conquis. Il trouva le commandant sur son tillac qui était inondé de sang et de membres épars, car, de 1.400 hommes qu'il y avait avant le combat, il en restait à peine 1.200. L'amiral était blessé, son premier capitaine tué, le second blessé ; enfin c'était un spectacle à faire pitié. M. de Wachtmeister voulut remettre son épée à Koutouzoff qui refusa de la prendre. Quand on eut fini de mettre l'appareil à ses blessures, il fut conduit à bord du vaisseau de Greigh où tous les matelots crièrent hourrah ! à tue-tête, malgré ce que l'amiral put faire pour les engager à se taire. Le chef prisonnier voulut alors remettre son épée à Greigh qui lui dit : « Vous vous en êtes trop bien servi, Monsieur, pour que je veuille vous la prendre ; au contraire, je vous prie d’être persuadé que nous aurons pour vous tous les égards que vous méritez. » Il ordonna en même temps que les officiers prissent soin à ce qu'on ne touchât à rien de ce qui se trouvait à bord du vaisseau suédois dont on venait d'apporter le pavillon et, l'instant d’après, l’on y arbora le nôtre. Les ofliciers suédois ont le meilleur ton ; ils sont magnifiquement vêtus; presque tous sont décorés. »

Le 22 : « Nous avons aussi perdu un vaisseau de 74 canons commandé par le capitaine Berg, que l’on a d'abord cru égaré, mais qui aura été coupé par les Suédois et amené. Quelques-uns de nos vaisseaux, fort maltraités, reviennent à Cronstadt pour être radoubés. »

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Le 26 : « Ona à présent des détails du combat. Le capitaine anglais Helphinstone est celui qui s’est distingué le plus. C'est lui qui a engagé le combat avec l'amiral suédois et qui, même, l'avait