Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt
SOUVENIRS DE RUSSIE 51
On dit, à la vérité, qu'il est mort d'une fluxion de poitrine qu'il s’est attirée en se faisant placer sur un fauteuil près d'une fenêtre. Il est, en elle possible que la suppuration de sa plaie ait été arrêtée par là et se soit jetée sur la poitrine, mais toujours ce sera la blessure qui aura causé sa mort, car on lui a extrait deux balles, une ronde et une carrée, mêlées avec du verre et plusieurs clous dont on n'a pu ôter qu'un seul. Enfin, le coup était aussi atroce que l’action ellemême. Ici, c'étaient des gentilshommes qui se disputaient l'honneur détestable de porter le coup. Ils étaient trois principaux chefs, Ankastim (sic), Riding et Hara, puis beaucoup d’autres qu'on ne nomme point encore. Les trois jouaient aux dés, et Ankastim gagna le pas ; les deux autres ne le quittèrent pas au bal masqué et suivaient le roi, tenant leur main appuyée sur le côté. L'assassin marchait derrière et porta le coup par-dessous le bras de l’un des deux, ce qui lui donna la facilité d'échapper pour le moment. Il eut l’imprudence de jeter ses armes dans la salle même, et le nom de l’armurier qui se trouva sur le poignard à crochet le décela.. Ce qui est extraordinaire, et ce qui, peut-être, n'est jamais arrivé, c’est qu'on a découvert, par hasard, qu'il y avait deux conjurations indépendantes l’une de l’autre, et qui ignoraient réciproquement leurs desseins ; mais l'une n'en voulait qu'à la liberté du roi. On dit qu’en tout il y avait cent onze personnes impliquées dans cette affaire, que presque toute la noblesse était mécontente du roi. Celui-ci avait demandé onze millions à la Diète qui n'en voulait accorder que trois. En général, on convient qu'il agissait un peu trop arbitrairement. Il a nommé le duc de Sudermanie régent pendant la minorité de son fils, mais assisté d’un conseil de régence qu'il a aussi nommé. Lorsqu'une lettre l’avertit de ne pas sortir le jour fatal, mais surtout de ne pas se trouver au bal, il dit à un gentilhomme : « Eh! qu'aurai-je à risquer, ne serai-je pas au milieu de mes enfants ? »
VI LES DEUX DERNIERS PARTAGES DE LA POLOGNE Le premier partage de la Pologne avait eu lieu en 1773,
L’Autriche, la Prusse et la Russie avaient convenu ensemble d’un traité à la suite duquel chacune prit possession de certaines portions