Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

GUERRE D'ESPAGNE EN 1808 ET 1809 127

mouvement ne se faisant de mon côté, je prends le parti de traverser la ville avec mes vingt soldats, et, parvenu au dehors, j’aperçois l'artillerie fuyant à toute bride et le reste de l’armée gagnant la campagne. Ainsi, 20 000 hommes protégés par une large rivière, dont les bords étaient garnis d’une artillerie nombreuse, surpris au milieu de la nuit, ont fui devant 200 hommes! Dans cette circonstance, j'avais agi par inspiration et sous ma propre responsabilité, sachant qu'un ennemi surpris inopinément est à moitié vaincu.

Au jour, Ney vint au pont : au lieu d’une ville à prendre, il trouva une ville prise et il fit passer sa cavalerie au gué. La découverte d’une traînée de poudre placée dans une petite auge en bois, qui devait être allumée par la vedette et communiquer le feu à des tonneaux placés le long du pont dans les tourelles, nous révéla seulement alors le danger que nous avions couru!

Ney, après avoir poursuivi l'ennemi à plusieurs lieues et fait un grand nombre de prisonniers, s'établit à Logrono : nous y restâmes quelque temps et y apprîmes qu'un corps d'armée anglais, commandé par le général sir John Moore et débarqué à la Corogne, marchait à notre rencontre.

L'Empereur, sa Garde et l'élite de l’armée française entrèrent alors en Espagne, gagnèrent Vitto-