Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

248 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

Langeron, marchaient Ney et Marmont, après l’empereur Alexandre, Louis XVIII; en face de la Garde impériale, des soldats de la Garde du czar. En voyant pour la première fois devant lui ces vieux guerriers, qui avaient parcouru l’Europe depuis Madrid jusqu’au fond de son empire, Alexandre fut saisi d’un saint respect : il salua chacun de ces braves comme pour rendre hommage à la gloire et au courage malheureux. Je sus que Ney avait pris le commandement de la garde de service; qu'à table, il fut assis à côté du roi et lui donna le conseil d’attacher à sa personne la Garde impériale, ajoutant que c’était la récompense de toute l’armée. Plus tard, à Auxerre, Napoléon lui dit : « Si votre avis avait été suivi, je n’aurais jamais remis les pieds en France. »

Pendant ce temps, un projet de constitution, qui devait être présenté à l’acceptation du roi, se discutait à Paris. Ce projet fut mis en délibération à la Cour de cassation, sections réunies. Un article proclamait l'oubli du passé seulement. Merlin, ex-conventionnel, et procureur général, se leva et dit : « Messieurs, je me connais en révolutions; les termes d’un acte semblable ne sauraient être trop précis : je demande (et je dois avouer que je parle ici, peut-être, pour moi et quelques-uns de mes collègues), je demande que l’on insère textuellement dans l’article ces mots : l’oubli des votes. » La Cour accueillit cette réclamation et l'oubli des votes prit place dans la Charte.