Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

212 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

damment des généraux que je viens de nommer, le groupe se composait d’une foule de personnes de l’ordre civil et militaire, qui étaient continuellement à l'état-major, de tous les officiers du maréchal, du marquis de Grivel, de M. de Cayrol, ordonnateur, etc... La population suivait nos pas. Pendant le trajet, je continuai à préconiser auprès de MM. de Cayrol et de Grivel le caractère très ferme de Ney. Arrivé sur l’esplanade, le maréchal mit l'épée à la main, fit battre un ban et ordonna que les sous-officiers de cavalerie missent pied à terre. Mon camarade, l’aide de camp Devaux, resté le dernier avec le secrétaire Dutour, m’entendant au milieu des royalistes tenir le même langage que la veille, vint à moi et me dit tout bas à l'oreille, en faisant un geste d’ondulation de la main : « Levavasseur, cela m’a l’air de ça. » À ce moment, surpris, je quittai le bras du marquis de Grivel, et j’entendis la voix éclatante du maréchal qui lisait la proclamation.

J'étais tellement éloigné de croire à un revirement d'opinion qu’à la suite de ces mots « Officiers, sous-officiers et soldats, la cause des Bourbons est à jamais perdue... », je crus qu'il allait ajouter « si vous ne me secondez pas. » Mais quelle fut ma surprise lorsque j’entendis la suite de la proclamation et les cris d'enthousiasme qu’elle excitait parmi les soldats, qui pénétrèrent au milieu de nous en nous embrassant, faisant notre éloge et en disant qu'ils n'avaient

_—_.