Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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1815 — LES CENT JOURS. WATERLOO 291

ment, se disait-on, lutter avec avantage avec si peu d'hommes et si peu de ressources contre les armées formidables, que nous n'avons pas encore sous les yeux mais qui ne tarderont pas à nous joindre? Nous n'avons encore rencontré que l’armée prussienne, et nous n'avons pu la vaincre! Que deviendrons-nous donc lorsque toutes les autres puissances seront devant nous? » Les succès à venir ne pouvaient résulter, en effet, que d’une victoire qui aurait entraîné vers nous quelques-uns des Alliés.

Le 17, je m'adressai au quartier général de l'Empereur, pour connaître le point qu’occupait le maréchal. On me renseigna, je me mis en route, et, longeant les vedettes ennemies, que j’apercevais dans la plaine, je rejoignis Ney dans la matinée : il était aux Quatre-Bras, position que, le 16 à midi, l'Empereur lui avait renouvelé l’ordre d'occuper, mais qu'il ne put prendre, n’ayant à opposer alors aux 20000 Anglais que les divisions Bachelu et Foy, fortes ensemble de 9 000 hommes (1). On m'apprend que, pendant la bataille qu’il livra la veille, un des officiers de l'Empereur s’était porté en toute hâte vers le corps de Drouet d’Erlon, fort de 20000 hommes; que celui-ci avait recu et exécuté l’ordre de marcher vers Fleurus, sans que

(4) Ier corps (Drouet d’Erlon) : divisions Allix, Donzelot, Marcognet et Durutte, division de cavalerie légère Jacquinot.

1 corps (Reïlle): divisions Bachelu, prince Jérôme Bonaparte,

Foy, division de cavalerie légère Piré; la division Girard avait êté détachée, avec la droite, vers Fleurus. (Note de l'éditeur.)