Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

996 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

vaincu que l'ennemi manœuvrait sur notre droite. Le maréchal s'était rendu auprès de l’'Empereur; je courus vers lui et j'annonçai le résultat de ma mission et mes conjectures. S’adressant à l'Empereur, il dit : « Sire, mon aide de camp, qui vient de reconnaissance, me déclare que l'ennemi semble vouloir manœuvrer par notre droite. » « C’est bien, il suffit, » répondit l'Empereur (1). Un peu avant midi, l'Empereur dicte l’ordre que Soult écrit sur son calepin, puis le major-général déchire la feuille et la donne au maréchal Ney, qui, avant de me la remettre pour la communiquer aux généraux en chef, écrit en marge au crayon : Le comte d'Erlon comprendra que c’est lui qui doit commencer l'attaque (2). Je pars par la gauche, au

(4) Dans la matinée, les troupes impériales, 74 000 hommes au total durent venir se ranger sur trois lignes en profondeur : la première, en travers de la route de Charleroi à Bruxelles, à hau. teur de la Belle-Alliance, faisait face aux fermes d'Hougoumont, de la Haye-Sainte et de Papelotte, situées en avant de la crête de Mont-Saint-Jean et fortement défendues; elle était formée de gauche à droite par la cavalerie du Ile corps, l'infanterie de ce même corps, l'infanterie puis la cavalerie du 1*; derrière, la deuxième était formée des cuirassiers de Kellermann, de l’infanterie du VIe corps, des divisions légères Domon et Subervie et des cuirassiers de Milhaud: la troisième, réserve, de la grosse cavalerie de la Garde (Guyot), des Vicille, Moyenne et Jeune Gardes (Friant, Morand, Duhesme) et de la cavalerie légère (Lefebvre-Desnouettes); l'artillerie était répartie sur les flancs, le front ou dans les intervalles, la route de Bruxelles laissée libre pour l’artillerie de réserve. (Note de l'éditeur.)

(2) L'ordre daté du 48 juin, 44 heures, porte qu'à peu près à une heure après midi, au moment où l'Empereur en donnera l'ordre au maréchal Ney, l'allaque commencera pour s'emparer du village de Mont-Saint-lean, attaque préparée par l'artillerie des Le, Ile et VIe corps et dirigée par d’Erlon en portant en avant sa