Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

CAMPAGNE DE 1805 : AUSTERLITZ 43

Cette conduite du général Sébastiani nous donna à penser qu’effectivement la paix était conclue, car nous ne pouvions l'expliquer autrement; aussi ne nous gardämes-nous pas dans nos cantonnements. Mais, dans la nuit suivante, nous fûmes désabusés par l’attaque de la colonne même que nous avions laissée maladroitement échapper nous perdîmes quelques dragons.

Cependant nous continuions toujours notre mouvement en avant avec la plus grande célérité, et nous suivimes l'ennemi jusque sous les murs de Vienne. Là, nous apprîmes que les caisses publiques et tous les objets précieux transportables avaient été évacués et que l’armée du Prince, forte de 30 000 hommes, était hors de Vienne, sur les bords du Danube, au delà du pont qui n’était point encore coupé, mais que tout était préparé pour le faire sauter lorsque nous paraîtrions (1).

Nous approchions de l'enceinte de Vienne; ses magistrats s’avancèrent pour offrir les clefs au prince Murat. Pendant ce temps l'avant-garde continua son mouvement; elle marcha au galop, tourna la ville à gauche, bravant le feu de quelques avant-postes, et nous parvinmes ainsi au pont en présence de l'ennemi rangé en bataille et d’une artillerie formidable, disposée à droite et à

(1) Il s’agit ici du corps laissé à Vienne, fort seulement de 10 000 hommes, sous les ordres du général prince Auersperg, auquel Murat et Lannes firent croire qu'un armistice était conclu. {Note de l'éditeur.)