Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

72 SOUVENIRS D’OCTAVE LEVAVASSEUR

troupes placées sous les ordres de son général, être certain que la plus légère action d'éclat sera connue de tous, entrevoir en perspective un avancement plus rapide, recueillir sur les champs de bataille les actions qui sans vous seraient ignorées et perdues, paraître partout où lon faiblit, y donner l'exemple de la bravoure et au besoin de la témérité, obtenir ainsi que la troupe elle-même fasse retentir votre nom aux oreilles de son général, du maréchal Ney, de l'Empereur peut-être...! Cette considération l’emporta et j'entrai ainsi à l'étatmajor du général Seroux.

Je le connaissais depuis Montreuil et mes relations avec lui n’avaient pas cessé d’être agréables. Il était de Compiègne et moi de Breteuil; nous continuions à l’armée la confraternité qui doit toujours régner entre compatriotes du même département. Les premières campagnes de Seroux remontaient à la guerre de Sept ans; il représentait donc dans nos camps ces vieux officiers de l’ancienne armée dont le type était déjà presque perdu. Assez bel homme, mis avec une élégance et une correction rares, il portait fièrement une belle tête poudrée à frimas : son extérieur annonçait des prétentions à toutes sortes de succès. Contrairement aux usages introduits depuis la Révolution et qui faisaient que les généraux et les officiers avaient conservé le geste brusque, le commandement hautain, Seroux observait vis-à-vis de ses inférieurs la politesse la plus exquise. Ayant dépassé depuis long-