Sylvain Maréchal et le manifeste des égaux

SYLVAIN MARÉCHAL ET LE MANIFESTE DES ÉGAUX 3

aucune valeur à la thèse de Buonarroti, puisqu'il n'en parle mème pas dans la note très intéressante (1) qu'il consacre à l’auteur de l'Almanach des honnètes gens, note dans laquelle il lui attribue, sans hésiter, l'écrit anonyme Dame ‘Nature à la barre de l'Assemblée nationale (Paris, 179). Ce qui confirmerait la légitimité du mutisme de Robinet, c’est que dans toute l'œuvre signée du nom, des initiales ou d'un pseudonyme de Sylvain, Maréchal, on ne rencontre pas d'idées communistes lant soit peu caractérisées. Mieux, parmi les honnétes hommes, les républicains, auxquels il ouvre ses A/manachs et ses Dictionnaires on ne rencontre ni Münzer, ni Campanella, ni Morelly, ni Mably. Et en y mettant Lycurgue, Platon et Morus il ne dit pas un mot de leurs idées sur la propriété privée.

Si l'on s'en tenait à ces faits, il nous semble qu'on ne saurait adopter l'aflirmation de Buonarroti. Mais tout change, dès qu'on admet, avec le D' Robinet et M. Max Nettlau (2), que Maréchal est l’auteur de Dame Nature... Cette brochure contient en effet non seulement beaucoup des idées, mais même des expressions du Manifeste des Égaux. Voici quelques-unes des affirmations communistes que l’auteur met dans la bouche de Dame Nature parlant, en 1791, aux constituants (3):

« Vous avez aboli quelques distinctions odieuses et révoltantes ; vous avez osé proclamer tous les hommes égaux el libres; ce

(4) Article : Sylvain Maréchal, dans Dictionnaire historique el biographique de la Révolution el de l'Empire.

I nous paratt certain que cette note est due à la plume du Dr Robinet. Celui-ci, en effet, collectionnant tout ce qui concerne S. Maréchal, avait fait copier pour sa bibliothèque l'Almanach des Républicains, et a laissé parmi ses papiers de multiples notes et extraits sur lui. Cf. Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu le docteur Robinet... en vente à la librairie Lucien Dorbon. Paris, 1909.

(2) M. Nerrcau, Bibliographie de l'anarchie. Préface d'Élisée Reclus. Bruxelles, 1897, p. 3.

(3) Cette brochure est rarissime. Nous en devons la communication à Pamabilité de M. A. Barthélemy, consul de France à Genève.