Tableau historique et politique des deux dernières révolutions de Genève. T. 1-2

DE GENEVE. 85

Leur protecteur avait bien d’abord tenté de les faire relâcher, en infinuant à leurs gardiens qu’il n’emploierait contre eux que des calmans. Sa Majeflé, avait-il écrit à Berne , veut faire le bonheur de ceux même qui ont caufë tant de maux. Mais les Repréfentans qu'il défignait ainfi, & qu’il fe flattait fans doute de défarmer par fes nouvelles proteftations, en connaiffaient enfin la valeur; ils ne fongeaient plus qu’à lier fes malfaifantes mains.

Et d’abord ils n'avaient point pu fe difi< muler que s’il croyait praticable de s'emparer de leur ville au moyen du peu de troupes qu’il avait déjà cantonnées à leurs portes, c’eft-àdire, par quelqu’une de ces attaques impré= vues appelées coups de main, pour lefquelles on connaît & la difpofition des Soldats Franais & leurs fuccès ordinaires; il ne manquerait pas de leur en ordonner la tentative. Or fi cette tentative fe faifait avant qu’on eût réparé les fortifications du côté de France, leur délabrement était tel que le plus petit corps de troupes eût pu aïfément s'introduire dans la ville, foit furtivement, foit mème à force ouverte, délivrer les otages, les venger par

2 Mai 1782.