Trois amies de Chateaubriand

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MADAME RÉCAMIER 191

tement écrit au roi de France pour se plaindre de tels procédés. Alors, furieux, Louis XVIII aurait chassé vivement ce ministre qui soumettait à divers intérêts privés la dignité de son gouvernement.

Mais, notons-le, cette anecdote que racontent Frénilly et Marmont, ils sont seuls à la raconter. Je ne la trouve pas ailleurs; je n’en trouve même pas l’imdication vague dans les mémoires de Villèle et de ses amis, lesquels pourtant détestent Chateaubriand : et Villèle a besoin d'expliquer le renvoi de Chateaubriand d’une manière qui soit avantageuse pour luimême. Frénilly est fort méchant; il y a, dans ses Souvenirs, plus d’une erreur, et tendancieuse : il n'aime pas — et il le prouve plus d’une fois — Chateaubriand, bien qu’il ait eu avec lui des rapports de bonne et, semble-t-il, assez hypocrite amitié. Quant à Marmont, — les témoignages de Marmont ne me suffisent pas. Et, comme d’autre part cette anecdote déplaisante n’est pas du tout nécessaire pour expliquer le renvoi de Chateaubriand, je la tiens pour calomnieusel,

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#È+ Quand, amoureux de Mme de C..., Chateaubriand écrivait à Juliette qu’il l’aimait encore et qu'il laimerait toujours, il mentait bien un peu. Mais il ne

mentait pas tout à fait. La vérité est, ici-bas, une chose trop variée, multiple et incertaine pour qu’il

1. Voir l’Appendice (1.)