Trois amies de Chateaubriand

HORTENSE ALLART 239

touché, sans doute, de l'attention. Et Hortense entra chez lui : Mme Bertrand lui confia l’éducation de sa fille.

C’est alors qu’elle rencontra « Jérôme », le Jérôme des Enchantements. Elle le désigne comme un « jeune prélat romain». Trait d’anticléricalisme. Elle s’amusait à déconsidérer l’Église. Ce Jérôme était tout simplement un comte de Sampayo, riche et distingué, jeune Portugais, dont la mère était Irlandaise, du reste marié.

Hortense eut de lui Marcus.

Beaucoup plus tard, elle écrivait à Sainte-Beuve : « Ma jeunesse a été formée par Sampayo, un grand esprit, au dire de ceux qui l'ont connu, mais un esprit dédaigneux qui, à part la politique et le sublime, ne voyait rien!. » C’est joliment dit, et avec une imgénieuse amertume. Sampayo mourut en 184%; et Hortense écrivit : « La mort de Sampayo m'a fait croire qu’il serait mieux où il allait qu'ici-bas; mon chagrin est compensé?. »

Elle avait beaucoup aimé Sampayo. Elle n’aimait que beaucoup; et tout le temps. Elle appelle cela, dans ses lettres à Sainte-Beuve, « suivre noblement la nature ». C’est qu’elle était élève de Rousseau, comme toutes les « très grandes femmes » d'alors; et, comme son maître, elle employait volontiers ce mot de « nature », sans l'avoir nettement défini, mais pour

4. Lettres inédites à Sainte-Beuve (éd. Séché, Paris, 1908). Lettre de 1847, p. 274. 2. Id., p. 85. Lettre de 2 mars 1844.