Trois amies de Chateaubriand

HORTENSE ALLART 243

Elle se mit à écrire Jérôme, un roman, Et Jérôme, c'était Sampayo, sous les traits d’un jeune et séduisant prélat romain, — oui, jeune, séduisant et perfide. Elle écrivait Jérôme, quand elle connut Chateaubriand. Et, enchantée de ce nouvel amour, elle continua néanmoins le récit de ses doux malheurs. À quoi Chateaubriand, qui était homme de lettres terriblement, ne trouva rien à redire. Est-ce que, sous ses auspices, on ne lut pas, chez Juliette Récamier, les chapitres des Mémoires d'outre-lombe qui ont trait à Pauline de Beaumont? Mais oui! Hortense et René avaient, l’un et l’autre, une fois pour toutes, pris leur parti des redondantes aventures et des multiples tentatives de bonheur qui composaient leurs existences.

Quand René sut, à l’une de ses premières visites, qu’ Hortense écrivait Jérôme, il demanda poliment à connaître l’œuvre d’une dame si belle. Et la si belle dame, avec une confuse modestie, confia son manuscrit à l’auteur illustre, Il lemporta; le lendemain, il revint, déclarant que « c'était admirable » et qu’'Hortense « avait du génie ». Cela est raconté très agréablement, dans Les Enchantements de Prudence. Or, il suffit d’avoir lu vingt lignes d’Hortense et vingt lignes de Chateaubriand, pour être sûr que Chateaubriand. ne pouvait pas aimer Jérôme le moins du monde, Mais il avait une fine courtoisie, avec les dames qui éveillaient sa curiosité bienveillante; et il savait les égards qu’on doit aux belles. romancières, |