Trois amies de Chateaubriand

248 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

n'y a, pour être spirituel et charmant, que de placer le manuscrit d’une dame. Même si l’on est Stendhal, c’est encore ce dont on est le mieux complimenté. Hortense continue : « Que le roman soit mauvais, avec beaucoup ou sans idées. » Mal écrit, peut-être, si l’on en juge par ces lignes où l’auteur ne s’applique pas. «il faut qu'il paraisse à Paris. La secousse de l'impression et de la critique... » Pauvre Hortense, qui attendait la critique! « La secousse de l’impression et de la critique est ce qui fait travailler; et, depuis votre lettre, j’ai déjà avancé un ouvrage et mis un autre en train... » En deux jours! C'était une petite George Sand!.….

À l’une de ses amies, Mlle de Savignac, elle a envoyé Gertrude, corrigée pour l'impression. Mlle de Savignac arrangera tout cela, avec Stendhal. Hortense a changé des mots, des phrases, maïs voilà tout : elle est encore « trop près de l'ouvrage pour y travailler ».

Déjà Hortense pense à la presse qu’elle aura, limprudente! Du reste, si les journaux l’attaquent, elle est d’avis de les laisser dire. Et, pleine de sagesse, elle ajoute : « Le pis, c’est leur silence! » Et puis, brave : « D'ailleurs, j'ai donné prise à la société pour m'attaquer; qu’elle m’attaque donc. La suite me fera mieux connaître, et une personne doit se juger sur l’ensemble de sa vie et de ses travaux, non sur quelques événements et de premiers écrits. » Maxime encourageante et dont la pauvre Hortense avaît le plus grand besoin.