Trois amies de Chateaubriand

HORTENSE ALLART 255

alors, il voulait leur dire, à tout hasard, qu’il les aîmerait durant toute sa vie. Cette fois, mon dernier amour prenait une signification plus grave. Et sur le contraste bien attrayant, mais alarmant, de cette jeunesse en fleur et de sa soixantaine passée, régnait, comme un fronton de temple ruiné sur un parterre de roses fraîches et de roses qui se fanent, l'inscription des Quatre Fontaines, Pens’ all eternutàl...

Il y pensait, d’ailleurs, le moins possible. Et j’imagine qu’il y pensa de moins en moins, à mesure que s’éloigna la première, vive et troublante impression de son amour. À Paris, les deux amoureux inégaux eurent d’aimables divertissements. Je ne parlerai que de leurs promenades, qui sans doute devinrent bientôt le principal de leurs entrevues.

Ils partaient tous les deux, elle fringante et lui joliment mis et qui avait encore bon pied. Ils allaient, par exemple, au Louvre et visitaient les galeries de la sculpture antique. Ils s'arrêtaient devant le buste d'Alexandre le Grand, qui a, remarque Hortense, la tête un peu penchée sur l’épaule. Et Hortense trouvait tout haut que René ressemblait à ce jeune conquérant.

Ou bien ils allaient au Champ-de-Mars. A cette époque, il y avait là des espaces de sable et de terre inculte : René les comparait aux champs romains. Ils rencontraient, dans ce coin de campagne imprévue, une gardienne de vaches qui leur donnait du lait. Elle les connut et les guetta.

Ils cheminaient, en bavardant de mille choses et