Trois amies de Chateaubriand

HORTENSE ALLART 257

premier étage, un petite salle, pour eux tout seuls. René se montrait heureux, doux et tendre, « Il avait de l'appétit, et tout l’amusait.. » Il reprochait à Hortense de ne pas manger... Ils causaient, de tout, littérature, événements politiques, Rome, l'Italie. Et René racontait ses souvenirs d’enfance. Ils parlaient de philosophie, de religion. Et René « riait, heureux de plaire ».. Et René demandait du vin de Champagne, afin d'animer un peu Hortense, qu’il accusait de froideur. Alors, grâce au champagne persuasif, elle lui chantait des chansons de Béranger, Mon âme, La bonne Vieille, Le Dieu des Bonnes Gens. Il aimait cela. Il disait qu’il était, lui aussi, poète et qu’il avait fait des chansons. Et Hortense chantait :

Plaisirs de mon jeune âge, Que, d’un coup d’aile, a fustigés le temps!.:

Il répétait « que d’un coup d’aile a fustigés le temps », et il trouvait cela très beau. Il appelait Hortense « séductrice » et, ajoute-t-elle avec moins de pudeur que de simplicité, « dans cet endroit solitaire, il faisait ce qu’il voulait ».

En ce temps-là, il écrivait les Études historiques, qui sont un livre sérieux. Un jour, à la campagne, il dicta, et Hortense écrivit :« La croix sépare deux mondes... » Îl ajouta : « Je mourrai sur ton sein, tu me trahiras et je te le pardonnerai ».

Il se divertissait ainsi.

De temps en temps, il allait chez Hortense, Et

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