Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

II

LA CONJURATION BRETONNE

Au vieux manoir de la Mancellière, à deux lieues environ de Dol, habitait, en 1789, un personnage étrange, dont le renom de bizarrerie était grand dans toute la contrée. C'était le comte Louis-René de Ranconnet de Noyan!, gentilhomme de vieille race et de caractère hautain : il était riche, dépensait noblement sa fortune, sccourant les pauvres de ses terres, assistant au besoin ses vassaux et entrelenant à grands frais des serres et des jardins qui étaient renommés en France et à l’Étranger?.

Le comte de Noyan touchait à la soixantaine : il avait les cheveux parfaitement blancs, le regard vif ct dur, la physionomie prononcée ; il avait servi dans les pages ; blessé d’une balle à la bataille

1. Né le 15 décembre 1730. — Diclionnaire de la Noblesse de la Chesnaye-des-Bors.

2. 11 occupait à leur entretien plus de quatre-vingts ouvriers. Interrogatoire de Leroy. — Archives nationales, W, 274.