Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LA CONJURATION BRETONNE 59

enthousiaste, crédule et enclin à une confiance tenace, assez proche parente de la naïveté. Sa loyauté n’admettait pas le mensonge ; sa bravoure excluait la prudence. Il possédait, en outre, cette qualité des aventureux de ne voir que le côté agréable des choses et d’être réfractaire à la méfiance. Il ne songea pas un instant à dissimuler, se croyant sûr de l'amitié de Chévetel; il Lui conta son voyage à Coblentz, sa visite au comte d'Artois ; ne fit aucun mystère de son séjour parmi Îles émigrés: s’il ne lui détailla point le résultat de ses démarches et de ses projets contre-révolutionpaires, c'est que l’autre ne témoigna pas le désir d'en connaitre davantage. Ils se quittèrent, se promettant de correspondre régulièrement, et la Rouërie regagna la Brelagne.

Cette entrevue laissa Chévetel songeur !.

De retour à son château de la Rouërie, le marquis se mit immédiatement à l’œuvre. Son aclivité avait enfin trouvé un aliment. L'entreprise le séduisait d'autant plus qu'elle flattait sa vanité et satisfaisait son amour du commandement. Cette

1. Récit de Chévetel.