Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

10 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

L’ainé, Louis-Joseph, ex-sous-lieutenant au régiment de Penthièvre, organisa la cavalerie de la Rouërie, qui le nomma colonel de ses hussards. Les gars l’appelaient le Awlan. Le plus jeune, Charles-Édouard, engagé à quinze ans dans la conjuration, fut un personnage d’épopée : il semblait posséder un de ces talismans qui rendent, à volonté, les héros de féerie invulnérables et invisibles. A la tête de huit mille hommes prèts à tout, il s'était érigé en justicier et rançonnait les acheteurs de biens nationaux. Les avanies dont il accabla MS de Pancemont, évèque de Vannes, auquel il gardait rancune, terrifièrent la Bretagne au commencement de l’Empire. Lahaye-SaintHilaire, blessé au cours d’une de ses folles escapades, fut pris à la tour d'Elven et fusillé dans un fauteuil, le 6 octobre 1807.

Jean-Louis Gavard, habitant aisé de la paroisse de Parcé et premier maire de sa commune, vint aussi se mettre à la disposition du marquis: celuici comprit le parti qu’il pouvait tirer d’un homme ne tenant d'aucun côté à la noblesse et ne pouvant être suspecté d'avoir d'autres intérêts que ceux du peuple. Gavard organisa les bandes de faux-saulniers de la lisière du Maine. Parlant avec facilité, il avait de l’action sur les paysans. C'était l'homme de tête, le mentor en quelque sorte de l'association.