Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

422 APPENDICE.

l'empereur d'Allemagne et de Berlin, et il ajourne l’asservissement complet de ces derniers, suivant l'esprit de la pièce du 5 février, comme vous savez vous-même que les Romains ont laissé subsister les Séléucides encore cent vingtsept ans après la bataille de Magnésie.

Le résultat du mémoire du 5 est précisément cet infernal système qui a détruit le monde ancien. J'ai fait engager l'historien Ferrand par-dessous main à développer, sans se compromettre, cette époque de l'histoire ; il l’a fait, je vous enverrai son écrit les premiers jours de juin.

L'électeur d'Aschaffenbourg a obtenu, avant son départ, un prêt de 1,200,000 livres de Bonaparte, sans intérêt pour trois ans, ceci est le compte exact; et vous annonce dans quel esprit il a voyagé et dans quels sentiments il nous quitte.

L'Angleterre saura dans huit jours le précis de ce que je vous dis là, mais sans aucun détail qui puisse la conduire à l'ami ; je ne m'y fierai jamais, ni à elle, ni à d'autres; maïs elle ajoute une foi entière à ces sources, à Paris; elle s'en est trop bien trouvée pour ne pas le faire.

La malheureuse Espagne a élé réduite à confier ses marines à Gravina, malgré les avis redoublés d’'Hervas, qui les tirait de bons lieux, assurément, et, dès lors, elle est en un péril hors de toute mesure.

Gravina, habile et brave, mais cupide et ardent, n’est pas actuellement un Espagnol ; il est à Bonaparte d’une manière indissoluble; il suivra ses instructions, et elles sont extravagantes ; la rage seule les a dictées et la négligence la plus coupable en Angleterre peut seule y donner du succès.

Dans cette position tout à fait changée de ce qu’elle devait être, le successeur de Latour n’a rien eu de plus pressé que d’avertir, de sorte que cette guerre, par ce seul fait, devient une guerre acérée où l'Espagne, faisant tout le mal qu'elle pourra faire, doit s'attendre à être traitée impitoyablement ; si elle a des succès ils seront courts et sa ruine nous parait à présent inévitable.