Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

LA CHAMBRE DE LA NOBLESSE (1788-1789). 55

les résolutions et les espérances. Mirabeau pourtant prédisait avec plus de raison son propre avenir, en disant vers le même temps à ses compatriotes : « Quelque grande voix s'élèvera dans la grande assemblée de la nation pour dénoncer les abus qui vous oppriment.. »

IL

LA CHAMBRE DE LA NOBLESSE (1788-1789).

À cause de ses digressions étourdies ou calculées plus qu'en raison de son inspiration véritable, le Mémoire sur les États généraux fut jugé diversement à la Cour et parmi ceux qui régentaient alors l'opinion. Au milieu de l’enivrement de son succès, l'auteur apprit que son oncle Saint-Priest venait de prendre place dans les conseils de la couronne. Il s’empressa de le féliciter, comme si la présence de Saint-Priest auprès du roi eût pu donner quelque crédit à ses propres idées. Pour toute réponse son oncle l'invita à cesser jusqu'à nouvel ordre ses relations avec lui, et Louis XVI lui fit défendre de se montrer à Versailles : « Le roi, aurait dit alors d’Antraigues, est le maître de m'interdire l'entrée de son palais; mais s’il m'envoyait un ordre qui püt hors de là restreindre ma liberté, je me croirais en droit de ne pas lui obéir (1).» Tout plein de sa gloire factieuse, il annonçait, il attendait peut-être contre sa personne une lettre de cachet, qui ne vint pas (2). Qu'avait-il à craindre de

(1) Correspondance secrète, publiée par pe Lescure, t. I, p. 315.

(2) Discours de Gamon dans le Moniteur du 9 brumaire an IV. Cf. la note de Boissy d’Anglas, après la réunion des trois ordres