Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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cher la cause de ce silence relatif dans les «passionnettes » et les « intrigasseries ». Sans doute elles lui prenaient du temps, et sa tâche de secrétaire du Congrès était déjà fort lourde. Cependant, le motif semble devoir être recherché plus profondément. A ce point de vue, la copie d’une lettre de Gentz à Dalberg!, interceptée par la police secrète viennoise, et inédite jusqu’à la récente publication de M. Fournier, jette un jour nouveau sur la mentalité de Gentz à cette époque. Ce ne sont pas seulement des raisons extérieures qui l’ont arrêté dans sa tâche de publiciste. En dehors de la réserve bien naturelle chez un homme rattaché à la diplomatie officielle, il y a eu dans l’âme de Gentz un certain malaise provenant des difficultés de sa situation. Cest à propos de l’article sur l'anniversaire de la mort de Louis XVI, et sa célébration à Vienne en 1815, dont nous avons parlé plus haut, qu’il nous apprend la chose. Il dit être heureux de n’avoir ajouté aucune réflexion politique, car dans ce cas il aurait eu à discuter chaque mot avec Metternich ?.

1. Le duc de Dalberg (1773-1833), neveu du prélat allemand Charles de Dalberg, électeur de Mayence, accompagna Talleyrand au Congrès. Voir sur ses relations avec son oncle : Beaulieu-Marconnay. Karl von Dalberg und seine Zeit, Weïmar 1879,

(2 vol.) et quelques curieux rapports de police publiés par M. Fournier, notamment celui du 27 septembre 1814.

2. August Fournier. Die Geheimpolizei, p. 369 : « Hätte ich politische Reflexionen hineingemischt, so müsste ich jedes