Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

58 LA PRUSSE APRÈS IÉNA.

d’un homme se joue impunément de la destinée d’un peuple, on se demande comment le nom de Napoléon a pu jamais redevenir populaire en France; et on est tenté de regarder comme traîtres à la patrie les écrivains, les poètes, les historiens, les hommes d’État qui ont contribué à restaurer la légende napoléonienne au lieu de maudire et d’ensevelir dans le mépris le souvenir du despote.

Quoi qu’il en soit, la faute était irréparable. Les Prussiens étaient indignés d'entendre parler de paix : militaires, diplomates, universitaires, ils obsédaient l’empereur de Russie pour lui arracher le signal de l'invasion et du démembrement de la France. I] fallait, criaient-ils, rendre à l'Allemagne tout ce qui parlait allemand. Gœrres, un pamphlétaire qui avait été en 1793 un des plus ardents à provoquer la réunion à la France de la rive gauche du Rhin, voulait maintenant nous enlever non seulement nos nouveaux départements rhénans, mais encore l’Alsace et la Lorraine. La Russie et l’Autriche se laissèrent enfin entrainer et au mois de décembre 1813 les bandes Cosaques apparurent pour la première fois en France mélées aux Prussiens, aux Allemands, aux Autrichiens, aux Anglais, à tous les peuples qui se précipitaient à la curée,

Nous allons raconter ici les principaux épisodes de celte merveilleuse campagne de 1814 où Napoléon