Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871
L'UTOPIE PACIFIQUE: 91
nale ». Depuis sa formation elle a vécu de la guerre; elle en vitencore. Les Hohenzollern sont de la race des oiseaux de proie ; ils ont la griffe rapace. Nous avons vu comment ils savent s’agrandir; tous les moyens, tous les prétextes leur sont bons. Ils ne disposaient autrefois que de la Prusse, petit état pauvre et mal peuplé; ils disposent maintenant de toute l'Allemagne, c’est-à-dire d’une puissance militaire de cinquante millions d'hommes, concentrés, disciplinés, armés de toutes les ressources de la science moderne. Ils ont fondé un empire qui a reçu le baptème du sang; ils ont l'avenir devant eux; ils ne s’arrêteront pas en si beau chemin. Ils continueront ce qui est la tradition de tous les rois et le point d'honneur de leurs ministres, c’est-à-dire la conquête.
Notre défaite de 1870 ne nous garantit donc point d’une seconde attaque; Waterloo n’a pas empêché Sedan. Si les rois de Prusse, empereurs d'Allemagne, se résignaient à la paix, ce serait la première fois qu’on verrait une grande puissance user, spontanément, de modération et faire à la fraternité universelle le sacrifice de ses ambitions. Ce serait un véritable miracle et nous savons que les miracles sont rares.
La guerre, d’ailleurs, n’excite pas chez les Allemands la même horreur que chez les Français. Plusieurs philosophes, voyant que dans la nature les ani