Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871
L'UTOPIE PACIFIQUE. 93
maux les plus faibles sont la proie des plus forts, ont appliqué cette loi aux races humaines. D’après eux la vie est un combat où le mieux armé se débarrasse de son adversaire ; la force est le droit, le droit est la force et la victoire appartient fatalement aux peuples les mieux doués, aux peuples qui, par le labeur continu des générations et l’épargne des siècles, ont amassé la plus grande somme de force, soit physique, soit morale. Les docteurs et les politiques allemands acceptent cette théorie; ils s’en servent pour glorifier et justifier les envahissements de la race germanique. Ils s’écrieraient volontiers que le peuple allemand a pour mission de conquérir la terre et d'éliminer les autres races. Ils énumèrent complaisamment ses qualités : grosseur du corps, vigueur des muscles, bon appétit, bravoure, adresse, patience, générosité, piété, désintéressement, esprit de-sacrifice, amour de la famille, soumission à l'autorité, il a toutes les vertus, tous les signes d’une race prédestinée. Voilà ce que répètent chaque jour des milliers d’écrits dans ce pays qui est une vaste société d’admiration mutuelle; voilà les enseignements qui descendent dans les esprits. Aussile vainqueur de 1870, le général de Moltke, peut déclarer publiquement que « la guerre est une sainte occupation ». Ces paroles ne choquent point l'opinion publique et plus d’un pense avec de Moltke que la